Ca y est, vous avez craqué et fini par acheter un aérographe ; il est là, tout beau et tout chromé, à vous attendre… Vous êtes fin prêt à commencer à peindre ! Enfin pas tout à fait, car la tâche est autrement plus difficile que le maniement du pinceau… Alors, par ou commencer ?
Avant de vous lancer dans vos premiers projets, encore faut-il savoir préparer votre matériel et le régler si vous voulez éviter déconvenue et frustration ; nous verrons donc dans un premier temps de quoi il retourne. Ensuite, je vous montrerais comment utiliser un aérographe, de la dilution de la peinture à sa pulvérisation, sous oublier de passer en revue les différents problèmes que vous ne manquerez pas de rencontrer. Pour finir, je vous donnerais quelques exercices pratiques qui vous permettront d’améliorer rapidement la maîtrise de votre aéro.
Peindre à l’aérographe : l’aspect technique et la préparation du matériel
Avant toute chose, il est utile de comprendre comment fonctionne un aérographe. Qu’ils soient à gravité ou à aspiration, la plupart des modèles sont aujourd’hui dits « double action », mais qu’est-ce que cela signifie ? C’est simple, ces modèles disposent d’une gâchette supérieure qui contrôle 2 choses : la quantité d’air expulsée et la taille de l’ouverture de la tête.
En appuyant sur la gâchette nous allons donc relâcher plus ou moins d’air comprimé et augmenter la pression dans le corps de l’aéro, tandis qu’en la tirant vers nous dans le même temps nous retirerons plus ou moins la pointe de l’aiguille de la buse.
En reculant ainsi l’aiguille dans la buse, nous élargissons donc plus ou moins l’ouverture avant de l’outil, permettant de contrôler la quantité de peinture pulvérisée. Concrètement : plus l’aiguille est tirée vers l’arrière, plus l’ouverture est grande, plus la quantité de peinture projetée est importante.
Dernière chose, selon l’aérographe que vous avez choisi, vous aurez peut-être plusieurs buses/aiguilles à votre disposition : 0.15mm, 0.20mm, 0.30mm ou 0.50mm. Plus leur diamètre est faible, plus votre trait sera fin et précis. En général on considère les buses fines de 0.15 et 0.20 pour les travaux de précision (mais entre la buse de 0.15 et 0.20 y’a vraiment pas grande différence), et les buses de 0.30 pour du travail de gros. Quant aux buses de 0.50, on s’en sert plutôt lorsqu’on a besoin d’un max de couvrance (surtout pour les sous-couches), mais elles sont plutôt rares, jamais vendu en bundle avec des aéros.
Maintenant que les choses sont clarifiées, il convient de procéder aux préparations qui s’imposent :
Comment utiliser un aérographe : le tuto
1) La dilution
Utiliser efficacement son aérographe, c’est avant tout et principalement savoir diluer ses peintures. L’objectif est simple : on vise une consistance laiteuse. Mais l’atteindre, c’est une autre histoire ! C’est même probablement la partie la plus difficile à maîtriser pour les débutants, donc ne vous découragez pas et n’hésitez pas à tester ! Une peinture trop épaisse aura tendance à « crachoter » et obstruer les organes de pulvérisation de l’aérographe, tandis qu’une peinture trop diluée aura tendance à « baver ».
Pour diluer, il vous faudra du diluant. Comme il existe différents types de peinture aérographe (peinture acrylique à base aqueuse, peinture acrylique à base de solvant, peinture enamel, peinture polyuréthane), pour obtenir un bon résultat, il vaut mieux utiliser le diluant recommandé par le fabricant de votre peinture. Généralement, une bouteille de diluant pour aérographe est trouvable pour une quinzaine d’euro en flacon de 200 à 300ml, et elle vous servira autant pour la dilution des couleurs que pour les nettoyages entre 2 teintes.
Selon les gammes et les couleurs, il sera nécessaire d’utiliser plus ou moins de diluant, certaines gammes étant déjà naturellement très liquides là où d’autres sont au contraire beaucoup plus consistantes. Encore une fois, visez la consistance du lait ! A mon humble avis, mieux vaut trop diluer (auquel cas il suffit de vider le godet et de recommencer) plutôt que pas assez (ce qui au contraire risque d’engendrer la nécessité du nettoyage complet de l’outil).
Dernier conseil : si certaines personnes aguerries font leur dilution directement dans le godet de l’aérographe, je vous conseille plutôt de diluer vos peintures dans des petits pots indépendants, que vous transvaserez ensuite dans le godet une fois la dilution escomptée obtenue.
Enfin, si vous préférez vous concentrer sur l’apprentissage du maniement de l’aérographe plutôt que sur la dilution de peinture, sachez qu’il existe chez la marque Vallejo de la peinture pré-diluée, c’est à dire prête à l’emploi.
2) La pulvérisation
Une fois la peinture dans le godet, toute la subtilité réside dans votre capacité à gérer la pulvérisation. Commencez toujours par projeter de l’air en appuyant sur la gâchette AVANT de tirer l’aiguille pour ouvrir la buse. De cette façon vous éviterez l’amas de peinture projeté brutalement et sans contrôle.
De même, entre 2 séries de pulvérisation, même rapprochées, pensez systématiquement à pulvériser d’un coup sec un peu d’air au-dessus d’une feuille de papier pour dégager les impuretés et les résidus de peinture sèche qui ne manqueront pas de se former sur l’extrémité de l’aiguille.
De façon générale, gardez en tête que le résultat de votre projection dépend de 2 facteurs, la distance vis-à-vis du modèle et l’ouverture de la buse :
- L’ouverture de la buse permettra de pulvériser plus ou moins de peinture, pour couvrir plus ou moins la surface à peindre ou au contraire travailler par transparence.
- La distance vis à vis de la surface ciblée permet de définir la taille et la précision de la pulvérisation. Plus l’aérographe est éloigné de la surface plus le résultat sera large et diffus. A l’inverse, plus l’aéro est proche de la surface, plus la pulvérisation est nette et précise.
Dernier conseil pour terminer : gardez votre main mobile ! Effectuer des mouvements de va-et-vient vous assureront des aplats parfaits et maîtrisés, et vous évitera les gros amas de peinture. Ne restez pas statiques !
3) Symptômes, diagnostics et solutions
Le plus difficile lorsque l’on débute, c’est de réussir à identifier le problème quand il y en a un, et savoir comment le résoudre au mieux. Grosso modo, il existe 4 cas de figures :
Cas n°1 : l’aérographe « crachotte ».
Plusieurs raisons peuvent provoquer cet effet. La plupart du temps, cela est simplement dû à une peinture trop épaisse : diluez plus ! Si votre dilution est correcte, vérifiez alors que la pression de votre compresseur n’est pas trop faible, et que la pointe de l’aiguille et/ou la buse ne sont pas encrassées.
Cas n°2 : la peinture fait des « pattes d’araignée ».
Votre peinture est trop probablement trop diluée : videz le godet et recommencez en diluant moins. Gardez en tête que l’on cherche une consistance laiteuse, pas liquide. Si votre dilution est correcte, vérifiez que la pression sur votre compresseur n’est pas trop élevée.
Cas n°3 : la projection est nette et précise.
Félicitations, vous avez réussi ! La pression est bonne et votre dilution idéale !
Cas n°4 : la peinture ne sort pas du tout, voire « bulle » dans le godet ou reflux dans l’aéro.
C’est le cas de figure le plus complexe car il peut trouver plusieurs origines. De façon générale, vérifiez que la pression sur le compresseur est bonne et que les raccords et différentes pièces sont bien vissés. Si tout va bien, nettoyez votre aérographe complètement, notamment la buse qui est peut-être bouchée. Si le problème perdure, vérifiez que la buse n’est pas ébréchée et que les joints de tête sont toujours bien étanches.
La meilleure façon de s’améliorer : l’entraînement
Pas de mystère… Tout est question de pratique et d’entrainement !
Avant de s’attacher à un projet de peinture, l’idée c’est de s’entraîner à prendre en main son outil. Pour cela, je vous propose quelques exercices pratiques, avec une feuille à imprimer :
Exercice n°1 : contrôlez la régularité de votre tracé. Tracez quelques lignes en suivant le modèle ; ces lignes doivent être rectilignes et le trait bien net. Vous pouvez également vous entraîner à faire des traits rectilignes de différentes épaisseurs.
Exercice n°2 : plus difficile, entraînez-vous à suivre des trajectoires plus complexes en maintenant un trait bien net.
Exercice n°3 : maîtriser le changement de pression et d’ouverture. Tracez maintenant des lignes qui démarrent fines et précises, et qui terminent épaisses. Puis l’inverse.
Exercice n°4 : travaillez votre précision en plaçant à l’aérographe un point précis sur le centre de chaque croix !
Exercice n°5 : maîtriser la trajectoire du jet. Remplissez de la couleur de votre choix les formes de différentes tailles en essayant de ne pas déborder tout en ayant un aplat parfait.
Gardez en tête que l’entraînement et la pratique sont la clé pour améliorer votre technique. Prenez le temps de répéter ces exercices pour vous entraîner, et à persévérez même si les résultats ne sont pas immédiats. Avec de la patience et de la détermination, vous verrez votre niveau s’améliorer au fil du temps.
Une fois ces quelques exercices maîtrisés, passez à la pratique sur des surfaces de test. Ne voyez pas trop ambitieux tout de suite, préférez des sujets génériques avec de grandes surfaces faciles d’accès pour commencer.
Ne reste plus maintenant qu’à mettre en application tout cela ! 🙂 Have fun !